Soutenir le projet Upcycling Trust : Le point de vue d’un chercheur
La contribution suivante a été rédigée par Jeanne Mosseray, chercheuse doctorale au Cosmopolis Centre for Urban Research, dans le cadre du webinaire “Using CLTs to Deliver Energy Renovation and Permanent Affordability to Existing Housing” qui se tiendra le 25 septembre.
En tant que chercheur universitaire sur le logement pour le projet Upcycling Trust, je soutiens les partenaires de mise en œuvre en offrant des réflexions critiques et des perspectives sur les initiatives que nous développons. Notre objectif est de rénover le parc de logements existants dans différents contextes, notamment à Bruxelles, Lille, Gand, Cork et Rennes, en appliquant le modèle de la fiducie foncière communautaire. Cette approche implique de collaborer avec les propriétaires actuels du parc de logements existants afin d’explorer des scénarios architecturaux, techniques et financiers de rénovation, qui peuvent inclure un changement de modèle de propriété.
Des défis dans des contextes variés
De mon point de vue, un défi important du projet est de gérer la diversité des contextes dans les différentes régions. Alors qu’en tant que projet collectif, nous visons à développer un nouveau modèle européen pour la rénovation des logements qui s’attaque à la crise du logement, la situation de la propriété dans chaque contexte nous oblige à inventer et à promouvoir différents outils de mise en œuvre. Par exemple, en France, nos partenaires de Rennes et de Lille sont confrontés à des politiques nationales visant à réduire et donc à vendre le parc de logements sociaux à rénover, ce qui les pousse vers des solutions plus larges et plus institutionnelles. En Belgique et en Irlande – Community Land Trust Brussels (CLTB), Community Land Trust Ghent (CLTG), Cork Community Land Trust (CCLT) – le projet est soutenu par des structures innovantes plus petites qui proposent des solutions plus localisées, de type “acupuncture”, tout en concevant le potentiel du modèle pour une application à grande échelle. Malgré la diversité des contextes, certains défis sont universellement pertinents dans le cadre d’un débat plus large sur la rénovation des logements et le logement abordable.
Création d’une communauté sur un territoire dispersé
L’un des principaux défis pour le CLTB et le CLTG est de créer ou de renforcer une communauté sur un territoire dispersé. Dans les deux contextes, les deux organisations ont construit leurs communautés autour de la vision d’une ville plus juste et anti-spéculative. Dans la pratique, elles ont pu compter sur la création de groupes d’habitants qui ont construit collectivement des projets de logement dans des bâtiments partagés. Ce sens de la communauté, centré sur la co-habitation, est moins présent dans le projet Upcycling Trust. Dans de nombreux projets de rénovation exemplaires ou inspirants que nous avons rencontrés, les rénovations se font souvent à l’échelle d’un bâtiment, d’une rue, d’un pâté de maisons ou d’un quartier. Dans le projet Upcycling Trust, certains projets pilotes (Lille, Rennes et Cork) peuvent tirer parti de cette proximité spatiale pour construire une communauté. À ce stade du projet, l’échelle et l’orientation territoriale sont déjà des aspects clés qui influencent le contact initial avec les résidents, ce qui soulève la question suivante : comment commencer à s’engager avec les propriétaires ?
L’origine de l’initiative
Les partenaires du projet peuvent être classés en deux catégories : (1) les services de logement des autorités régionales ou municipales et (2) les organisations associatives. Les deux approches expliquent les deux approches différentes de la construction communautaire. Les partenaires plus institutionnels visent à développer une grande quantité de logements, tandis que les organisations associatives, disposant de moins de ressources, développent leurs projets à un rythme adapté à leurs moyens et aux besoins de la communauté.
Même si la première approche peut être qualifiée de “descendante” et la seconde de “ascendante”, les deux approches nécessitent d’impliquer le propriétaire ou l’occupant, car aucun des projets pilotes n’a démarré avec les résidents eux-mêmes. Ce processus d’implication, que nous définissons actuellement comme “convaincre” et “informer sur les avantages du modèle”, sera au cœur de notre travail. Nous pouvons imaginer que le langage et l’approche évolueront et s’adapteront au fil du dialogue avec les propriétaires-occupants.
Les propriétaires ou les logements sociaux publics dans les CLT
Un dernier défi important pour le projet Upcycling Trust est la diversité du public et des propriétaires auxquels chaque contexte s’adresse. L’un des dénominateurs communs du modèle est de s’adresser à des environnements bâtis/logements existants, mais le mode d’occupation des logements varie considérablement. Si le résultat final vise à étendre ou à maintenir le stock anti-spéculatif dans les villes, le processus d’implication d’une entité publique multi-propriétaire ou d’une myriade de propriétaires privés nécessitera des méthodes, des parties prenantes et des stratégies de rénovation différentes. Cela pose également une question éthique concernant les futurs résidents de ces logements nouvellement rénovés qui sont, par défaut, inclus dans les projets pilotes privés, alors que le maintien en place des locataires actuels pendant la rénovation ajoutera une autre couche de complexité.
Les vues et opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur.